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vendredi 24 juillet 2009

"Ta région tu visiteras" (2)

VISITE DU JARDIN DE SERRE DE LA MADONE.C'est au cœur de la vallée de Gorbio que Lawrence Johnston, américain né à Paris, célèbre créateur de Hidcot Manor près de Londres, décide d'aménager son paradis terrestre: un jardin exotique avec des plantes rares amenées du monde entier et mises en valeur entre des bassins, des fontaines, des statues et des escaliers en volutes.


Johnston est l'un de ces grands rentiers de la haute société américaine fasciné par la culture du Vieux Continent:il s'avère le gentleman jardinier le plus audacieux et le plus influent de son époque. Devenu un grand chasseur de plantes, il veut acclimater les végétaux rapportés de ses expéditions en Afrique du Sud et en Chine qui ne supportent pas le climat rude de Hidcote.
Il achète à Menton d'anciennes cultures en terrasses dénommées La Serre de la Madone. Ces parcelles agrestes dont l'occupation et les aménagements témoignent de l'activité horticole de la région et plus précisément du Val de Gorbio dans lequel elles se situent, portent sur des propriétés agricoles de superficie variée comportant chacune une maison d'habitation, des terrasses ou restanques cultivées (agrumes ou oliviers principalement) et un aménagement assurant une ressource en eau (barmes, citernes ou puits).


Une première étape, à partir de 1924, comprend l'acquisition et l'aménagement des parcelles inférieures de la propriété actuelle, comprenant plusieurs petites maisons d'habitation. La topographie de ces terrasses ne sera globalement pas modifiée.
La deuxième étape, à partir de 1930, consiste en l'acquisition de l'actuelle maison principale et des terrasses qui l'entourent. Par contre la topographie de ces dernières sera modifiée, permettant l'aménagement d'une large terrasse qui constituera le nouveau centre de la composition de Johnston. Face à la maison, cette terrasse sera creusée de vastes bassins, latéralement un rond y sera aménagé et terminera l'allée d'accès créée à travers les terrasses successives.
Ce domaine où il séjourne avec sa mère devient sa résidence sur la Côte d'Azur et le deuxième jardin où il peut exercer son talent. Les travaux occuperont une équipe de vingt-trois jardiniers et maçons de 1924 à 1929: la forme générale est rapidement donnée. Très dessinée dans sa partie centrale au moyen des murs de soutènement des terrasses et de plantations de buis, la structure offre une succession d'ambiances où alternent - comme à Hidcote mais avec plus de retenue - l'intimité de petites chambres de verdure, des surprises et des perspectives. Les vues latérales ont été soignées et le tracé se fond progressivement dans le site environnant.
Du bas en haut des terrasses, l'ensemble offre différents microclimats permettant d'accueillir une grande variété de plantes.

L
e Major Lawrence Johnston se fixe alors définitivement à Menton avant d'y mourir en 1958, laissant une composition rare sur la Côte d'Azur. Pendant trente-quatre ans,il consacre une grande partie de son temps à ce deuxième jardin qui n'emploiera que "seulement" cinq jardiniers après qu'il ait vendu Hidcote au National Trust.
A sa mort, Nancy Lindsay, l'amie et l'héritière du Major emporte sculptures, vases d'Anduze et plantes rares transportables en Angleterre.
Conscients de la valeur paysagère du lieu, les propriétaires suivants, le banquier Baring puis le Comte de Wurstenberger, assurent l'entretien du site jusqu'en 1986.

La redécouverte du Jardin en 1982: dans un courrier à Ernest Boursier-Mougenot, W. Ingwersen écrivait que lorsqu'il était chef jardinier, de 1935 à 1936, "les plantes ne cessaient d'arriver de toutes les parties du Monde" et que "la Serre de la Madone possédait une collection d'arbres rares, d'arbustes et un nombre incalculable de plantes herbacées et de bulbes qui rivalisaient avec le jardin Hanbury à la Mortola". Au même moment, on apprend que les plantes emportées par Miss Lindsay avaient été données au jardin botanique de Cambridge.
Le domaine a été racheté en 1999 par le Conservatoire du Littoral, assurant ainsi une politique intelligente de restauration.


Ernest de Ganay écrira au sujet de ce discret personnage en 1936 : "Il vient à vous du fond de ses terrasses en costume de velours, la terre aux mains, tel un jardinier…"

à suivre...

2 commentaires:

  1. Ce doit être très agréable de le visiter, j'avais lu un article de magazine sur ce merveilleux jardin et déjà à l'époque je désirais y aller faire un tour. Il faudra bien un jour que je me rende à Menton, au mois de février, pour les citrons? A bientôt

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  2. Le plaisir exige un travail et une logistique d'envergure.
    Anne

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