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vendredi 11 décembre 2009

Quarante huit heures d'une semaine ordinaire...

Mercredi, journée chargée.
Je démarre à 9 heures par l'installation des petits instruments Orff: des carillons aux xylophones pour les classes d'éveil, de 4 à 5 ans.
Après un cours de clavier à deux petites filles adorables et pleine de peps, 18 petitous, de celui qui ne sait pas encore prononcer son prénom, au petit garçon qui a des difficultés à marcher, en passant par la Princesse qui fait tout à l'envers, et avec Fifi le professeur de percussion, animation en chanson autour de Noël:
-"Boules rouges, boules blanches,
Boules qui roulent, boules qui penchent,
elles seront toutes bel- les,
Dans le sapin de Noël"

Et que l'on chante, pas très juste mais avec cœur, et énergie, bing, bang, boum sur les tambourins, je ne vous dis pas l'ambiance...
 Petit repas coupe faim avec le fiston et ça recommence.

Mais aujourd'hui je quitte la classe pour me retrouver au Monastère de Cimiez, pour l'ultime au revoir à notre ami.
Le nœud au ventre, la gorge serrée.
La voiture des pompes funèbres est là, emplie de fleurs, Isa très digne avec ses deux fils, la famille, les amis, les patients, beaucoup de monde. Un service de protocole qui manage la cérémonie; On s'embrasse, on s'étreint, on retient les pleurs, Marine est très attristée, on attend dans un silence de circonstance, des chuchotements, on apprend que François n'était  pas très bien il y a deux semaines, ceci des patients, qui parlent entre eux et qui malgré tout aimeraient bien rentrer dans l'église.
Le moment de grand désespoir pour nous tous, lorsque le cercueil est amené,  une petite "caisse", vernie, sobre, scellée, on imagine...la boule enfle... 
Le culte, les mots aimables d'un jeune curé qui parle moyennement le français, mais avec sincérité dans  son discours, petit sourire lorsqu'il fait des erreurs de syntaxe. Il se reprend, essaie de réconforter les uns et les autres par de douces paroles tirées de la Bible.

J'observe  Isa, de temps en temps, les enfants, la maman de François, sa sœur, toujours beaucoup de dignité.
Un joli  texte lu par une amie, rappelant le gout de notre ami pour la mer, le soleil,  la neige, le bon vin; son sourire, son écoute, sa pudeur...un prélude de Bach au violoncelle, on prie en regardant la Sainte Vierge et on espère que son voyage, lui qui était croyant, se passera comme on nous l'a décrit.

Le cercueil après avoir été béni repartira pour le crématorium.
Moment d'émotion en embrassant son épouse, on retrouve d'anciens amis, la boule est toujours là...
Mais voilà le travail nous attend.
La journée n'est pas terminée.
Une présentation de la contrebasse était programmée à la bibliothèque Louis Nucéra: tout est en place, ma collège a pensé à tout, et me voilà en Monsieur Loyal sachant que je serai vite épaulée par le professeur qui a réalisé un travail de chef. Il s'agit, autour d'une courte audition, de faire connaitre un instruments à de jeunes lecteurs, venant régulièrement à la bibliothèque.




Des basses en rang, des étudiants, archets à la main; on s'accorde, on colophane, on frotte, on pousse, on tire; des pizz, des harmoniques, une valise magique, avec chevalets, crins de cheval, sourdines en ébène ou caoutchouc, des petites lucioles curieuses qui s'essaient à ce gros instrument qui ne leur a pas fait peur.



Un petit garçon intéressé demande à sa maman quand il peut aller faire de la contrebasse.
C'est donc gagné, je savais que ce genre de présentation marcherait.


Retour à la Pita Figa. Nuit avec un sirop qui fera dormir, car la toux insidieuse a refait son apparition.
Aujourd'hui:départ à 9 heures. Le ciel est bleu,  j'ai fait quelques photos avant d'arriver au CNRR, j'ai pensé à François , en voyant ce soleil; ses cendres seront dispersées au dessus de la mer... 



Toute la journée stage d'improvisation pour les élèves de musique ancienne; organistes et clavecinistes occupent le centre d'intérêt accompagnés de flutes à bec, sax, trompette, hautbois, violoncelles, viole...
Et c'est parti pour un passamezzo.

 Passamezzo, danse ancienne, grille facile à mémoriser et voilà nos gamins qui transpirent , ils sont tellement habitués au support de  la partition que jouer des choses simples sans l'écrit les tétanisent; au début, ils n'osent pas, se regardent,  baissent la tête, s'écoutent,  puis petit à petit le miracle a lieu. Ils  inventent de petits motifs, et commencent à prendre du plaisir avec plus ou moins d'aise, mais l'essentiel c'est qu'ils tirent quelques sons harmonieux de leurs instruments; chacun aura son mot à dire et le placera avec discrétion, prudence et parfois adresse.



On terminera par une improvisation dans un style plus contemporain, le deal étant de retrouver le geste "préhistorique" de celui qui découvre un instrument, qu'il va tacher de faire sonner le mieux possible; consignes données, autre comportement, oser faire n'importe quoi,  pourvu que le geste musical soit anticipé et que cela sonne!

Le passamezzo était peut-être plus facile! cependant l'atmosphère est détendue, de petits sourires en entendant ces sons discordants, mais encore le miracle de jouer ensemble. On obtient une pièce instrumentale créée à ce moment, pour ce moment et en ce lieu: 4 clavecins, 3 orgues, 1 piano.
20 heures: les élèves sont fatigués, nous aussi...mais  la lumière...ils nous ont illuminés, encore une fois.
On ramène les intervenants à la gare après un pot, des discussions, des échanges d'email.


Retour à la case départ. Encore un peu de  sirop pour passer une bonne nuit sans tousser.
Demain on remet cela: impro des prof sans les étudiants après l'accord du clavecin, on va un peu s'éclater à notre tour puis travail autour de la musique médiévale, du contre-point, tout l'après-midi...



François occupe mon esprit, la boule a disparu.
Il faudra que je téléphone à Isa...ce week-end-.




Sans aucun doute, des journées ordinaires...


6 commentaires:

  1. Une page de vie, une page d'espoir , garder vivant en notre esprit ceux avec qui on ne peut plus passer du temps .

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  2. Votre ami François vous a fait signe dans ces échanges musicaux avec les plus jeunes par leur bonheur de jouer, d'interpréter, d'improviser. Vous les avez aidés comme il aidait ses patients, c'est de même nature, vous avez partagé quelque chose de similaire même s'il n'était pas là physiquement.
    Anne

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  3. des journées ordinaires égrenées avec une sincérité extraordinaire... car c'est vrai que la vie continue, comme si de rien n'était, avec pourtant ces instants qu'on dédie à l'absent, cette angoisse... magnifique façon de lui dire au revoir Martine.
    c'est passionnant dis-moi de travailler dans les instruments... ça fait rêver !

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  4. Que d'émotion, que de pudeur, qu'elle leçon de vie avec votre ami en larmes et en joie autour de vous. J'ai pensé au film Tous les matins du monde. La musique quel cadeau nous a fait la vie !
    Marisol

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  5. Merci pour ton message princesse Diva.


    On utilise le mot besoin aussi, besoin de manger, besoin de jouer besoin de......
    nous pensons que tu ne dis pas le mot "caca" car tu es une princesse, apparemment nous sommes des canailles et ça commence avec "ca" et nous sommes deux donc caca!! (oui, c'est tiré pas les cheveux mais nous faisons ce que nous pouvons!!)

    Nous espérons que la toux de ton humain va partir vite fait!! Il faut que tu lui donnes un peu de ton herbe à chat, ça aide à dégager!! Et en plus, elle aussi, aura ses besoins décorés!!

    bisous de Nantes

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  6. Les souvenirs sont éternels...je le vois avec Camille et mon père...ils sont dans un autre monde,mais se souviennent de tout !Bon courage à tous.

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