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jeudi 16 janvier 2014

IL S'EN EST ALLE...



Besoin d'écrire




L'écrit peut-il soigner la peine en ces moments d'abandon?

Lorsqu'un père vous quitte même si vous savez qu'il ne peut pas y avoir d'autre échappatoire et si dans votre intime conviction vous savez que l'échéance va arriver, au vue de l'état de santé, être au chevet pour quérir le dernier souffle de vie demeure une épreuve inqualifiable. 
J'ai parlé à ce père que j'ai connu pendant mes 60 ans de vie, retrouvant cette mémoire du temps passé à ses côtés...
Un père de cette époque, avec l'autorité qu'il imposait de par sa nature, mais aussi cette connivence particulière, si indéfinissable de par la pudeur des sentiments, il est des choses que l'on n'osait pas dire. 
Cependant tellement de points communs: la curiosité, le voyage, les rencontres, l'optimisme, la peur de rien, nous donnant cette force unique d'aller toujours de l'avant quoiqu'il arrive .
  Bien sûr des décalages dus au changement générationnel, mais pourtant malgré des idées qui pouvaient être  divergentes, le respect restait le maitre mot.

Un père qui part à tout jamais  vous laisse un grand vide, mais vous offre la liberté et vous transmet la force de suivre votre propre cheminement, n'ayant plus son exemple devant vos pas. A vous de saisir le flambeau qu'il vous a tendu.

Je ne cesse de me dire, malgré cette absence concrète et physique que j'essaie de compenser par ce pull foncé pris  sous mon bras pour en garder l'odeur,  quelques pinceaux , crayons et tube de peinture vermillon qui l'accompagnaient ces derniers temps pour gommer ses ennuis d'un homme  tellement  actif durant 82 années, malheureux de cet état de fait alors qu'il avait été si entreprenant, je ne cesse de me dire et de transmettre à mes enfants qu'il fait partie de nous, un petit bout de son être est en nous de par la descendance, il restera toujours un quelque chose dans la morphologie des mains, une expression du visage, un regard bleu...


 au "gatto nero" son restaurant préféré



 Nous t'avons accompagné mardi, nous t'avons exprimé des choses, chacun à notre manière, tenue la main, embrassé, caressé, même si tu étais déjà en direction d'un ailleurs invisible et si mystérieux. 
Le dernier souffle, quelques instants où les machines se figent, ensuite à nous retrouver en famille, soudés dans notre désarrois, moments de pleurs, mais aussi de sourire, nous racontant les choses de la vie que tu avais illustrées, à ta façon, ces deux petites heures avant de te quitter définitivement où, malgré tes couleurs qui t'abandonnaient, cette immobilité qui s’installait inexorablement, tu partageais encore, dans ce silence pour toujours, une partie  de nos histoires.

  Nous garderons  toujours ce sourire et ces railleries qui faisaient de toi un être bien particulier mais si précieux.


Burano,
 il aimait siéger  là , 
s'imprégnant de  la lagune frémissante...


 Mon père, tu es en moi, la mémoire fera le reste, pour accompagner et soigner ma peine actuelle,   afin de retenir ces vannes qui ne cessent de s'ouvrir et de se fermer, avec le temps.
Continue ce voyage, là-bas, au loin.
 Je te retrouverai à Venise au coin d'une calle, devant les Miracoli ou sous le drapé qui t'impressionait tant aux Gesuiti,  buvant un spritz que je t'avais fait connaitre, toi si attaché au fragolino; 
Ou dans ton pays gardois, qui t'a forgé, là où tu siègeras dorénavant.
 Ne fais pas trop de bêtises avec tes nouveaux copains, pas trop de blagues non plus. 
Nous pensons à toi.
 Nous nous occupons de maman.
Ta fille

27 commentaires:

  1. Votre papa avait beaucoup de goût
    Pour avoir perdu le mien bien avant vous je peux comprendre ce que vous ressentez
    Avec toute mon amitié

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  2. une pensée pour toute la famille...

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  3. Je suis de tout coeur avec toi, et la douleur qui te ronge actuellement, ne devrait pas être présente.
    Avec toute mon amitié !

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  4. Martine, c'est un magnifique hommage ... Amour et respect mutuels ont forgé un lien entre lui et vous tous, que même cette absence-là ne saura défaire ... Toutes mes pensées vont vers vous.
    NiNa-Lou

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  5. Chère Martine,
    Nos parents,on voudrait tellement les garder près de nous, on voudrait tellement qu'ils continuent de nous prendre par la main pour affronter à nos côtés les choses de la vie, pour partager avec nous les bonheurs lumineux que cette même vie nous accorde.Et puis, ce jour arrive où cette main nous lâche bien malgré elle .Et pourtant, à l'instant même où l'on se sent dépossédé, la richesse de tous les souvenirs engrangés s'installe en nous.Souvenirs que l'on évoquera avec tendresse tout au long des années à venir parce qu'on ne cesse jamais de les aimer.Qu'importe l'âge qui est le nôtre quand cet instant arrive, on redevient l'enfant d'hier, celui qui glissait sa main dans une main faite pour la caresse, la tendresse et l'amour partagé.Pour vous, le moment est venu de prendre le relais , une petite main attend la vôtre...
    Le vieil enfant dépossédé que je suis, vous accompagne en pensées bien amicalement.
    Danielle

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  6. Je me sens très proche de ce que vous ressentez...et comme vous dites, je m'occupe de maman ...un billet bien émouvant!

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  7. Pour avoir perdu mon papa en février dernier et avoir eu toute notre vie une formidable connivence et beaucoup d'amour l'un pour l'autre, je peux te dire que je comprends ton immense chagrin mais aussi que tes larmes n'ont pas fini de couler. Je commence juste à pouvoir en parler sans pleurer. Bien sûr que le lien ne se défait pas et que nous restons une part de lui. Mais que la présence physique manque cruellement, le sourire, le son de la voix.
    Heureusement tu es bien entourée. Mais cela n'en reste pas moins très dur et notre âge ne change rien à la peine d'une fille.
    Je t'embrasse bien fort.

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    1. Papa est mort il y a 27 ans, et pourtant, il est souvent encore dans mes rêves. Ce n'est plus douloureux mais cette présence perdure au-delà du temps. C'est incroyable

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  8. Martine, cet hommage est magnifique!
    Je ne parlerai pas de mon vécu à ce sujet car après 14 ans je ne pleure plus mais je souris à son souvenir.
    Je suis d'accord avec toi quand tu dis " Un père qui part à tout jamais vous laisse un grand vide, mais vous offre la liberté et vous transmet la force de suivre votre propre cheminement, n'ayant plus son exemple devant vos pas. A vous de saisir le flambeau qu'il vous a tendu" .
    C'est avec cette pensée qu'il faut continuer, c'est ça la vérité.
    J'ai toujours dans le cœur ces mots dits au Temple protestant pour mon grand-père.
    Au bout de la route, il n’y a pas la route, mais le terme du pèlerinage.
    Au bout de l’ascension, il n’y a pas l’ascension, mais le sommet.
    Au bout de la nuit, il n’y a pas la nuit, mais l’aurore.
    Au bout de l’hiver, il n’y a pas l’hiver, mais le printemps,
    Au bout de la mort, il n’y a pas la mort, mais la vie.
    Au bout du désespoir, il n’y a pas le désespoir, mais l’espérance.
    Au bout de l’humanité, il n’y a pas l’homme, mais Dieu.

    Je t'embrasse très fort Martine et pense bien fort à toi.

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    1. Ces mots sont superbes Mireille, et tous ici nous les lisons avec émotion. De belles paroles pour, au-delà de la mort, faire survivre l'espérance

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  9. Mille pensées d'amitié et de réconfort s'envolent vers toi chère Martine.
    Je t'embrasse fort
    Marie-Ange

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  10. Je suis de tout coeur avec vous. Je viens de vivre la même chose ; et mardi, nous lui avons dit au revoir.
    Je vous embrasse. Toutes mes pensées vous accompagnent.

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  11. Un message plein d'amour et de chagrin, nous pensons bien à toi, Martine et nous t'embrassons très fort.

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  12. Il est dur de mettre les mots justes sur la séparation. Cet hommage est très émouvant, je suis de tout coeur avec toi et tes proches. Amicalement

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  13. Alain et moi pensons beaucoup à toi et à ta famille, Martine. Ta lettre est un bel et émouvant hommage rendu à ton père. Un attachement fort perdure au-delà du temps et je souhaite que le souvenir des bonheurs que vous avez partagés à Venise apaisent ta peine. Je t'embrasse très fort.

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  14. Avec toutes mes pensées pour traverser ce vide sidéral qui suit le départ pour l'au delà.d'un père.
    papa joue avec les anges depuis plus de 20 ans,c'était un homme juste et j'essaie toujours d'agir en fonction de sa mémoire, un flambeau à transmettre à nos enfants.
    bien amicalement

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    1. "c'était un homme juste et j'essaie toujours d'agir en fonction de sa mémoire" : une très belle façon de résumer les choses Josette, j'adhère totalement à ta remarque

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  15. Très émue par ce bel hommage, j'avais laissé un message hier soir, mais il a disparu. Sans doute ne l'avais-je pas bien validé. La disparition du père est toujours un moment crucial pour ses filles. Du moins, c'est ainsi que je les ressentie il y a 29 ans. Seule la musique m'a aidé à surmonter peu à peu mon immense chagrin.
    Ce que tu dis, Martine, à propos de la survivance est on ne peut plus vrai. Je pense souvent à mon père quand ses expressions sortent tout naturellement de ma bouche, ou que je regarde mes mains, aux veines saillantes tout comme les siennes.
    De tout cœur avec toi.

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  16. Chère Martine ton chagrin, je le partage avec énormément d'émotion...

    Je t'embrasse très très fort.

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  17. D'aucuns pourraient juger que publier un tel billet est indécent, ou malséant. Et pourtant, tu le dis très bien en introduction "besoin d'écrire", et aussi, soulagement de rendre public cet écrit, ce témoignage. Rien d'indécent à cela, bien au contraire car cela fait du bien de dire haut et for ce qu'on ressent. Aucune lecture malintentionné ne pourra en être faite et cette proclamation de notre amour pour un père ou un proche disparu, es très constructive. Le fait de le dire et de le publier donne de la force aux mots, du relief à notre amour, du corps à notre tendresse. De plus, comme tu le dis aussi, ce sont parfois des mots qu'on n'a dit qu'à moitié, retenue, pudeur, réserve, à l'intéressé : en les publiant, on les grave dans le marbre et c'est immensément bénéfique. Cela aide à mettre des mots sur la douleur, et cela l'atténue. Cela provoque aussi chez les lecteurs bienveillants que nous sommes, une vague d'empathie, de partage, d'affection même virtuelle qui fait du bien dans ces moments difficiles. Car tous nous avons vécu ou nous vivrons de telles heures et, chacun communie, à sa façon, à ta douleur. Car, quelque soit notre âge, perdre un parent c'est devenir orphelin. C'est aussi perdre des repères, un passé, des témoignages, c'est toujours, même prévu, très douloureux.

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  18. Cet hommage à ton père disparu est très beau Martine. Je comprends ta peine et te souhaite ainsi qu'à ta famille de savoir garder vivants les plus beaux et les plus joyeux souvenirs de ton papa.
    Bon courage à tous. Je t'embrasse.

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  19. Ton hommage me touche beaucoup et réveille en moi des moments douloureux. Je pense bien à toi et à toute ta famille.

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  20. un bel hommage pour un papa qui restera dans nos vie
    je comprend les chagrins que l'on éprouve
    cela fait du bien de parler , d'épancher sa peine
    toute ma tendresse , pour se passage si difficile
    edith

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  21. Ces parents extraordinaires que nous avons eu la chance d'avoir... Vous verrez, au fil des jours, vous découvrirez comme un butin toutes ces traces qu'il aura laissé en vous. Des souvenirs en forme de sourire, ou d'éclat de sagesse, qui illumineront votre quotidien et qui vous feront comprendre, que même absent, il sera peut être plus présent que jamais......

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  22. Mes condoléances Martine. Certains arrivent et d'autres partent. Tu nous laisses ici un beau portrait de ton père et de ton affection pour lui.

    Bon courage.

    Linda

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  23. Je pense à toi ainsi qu'à ta famille Martine.
    Bises

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  24. Toute ta peine et ta tendresse pour ton père est là dans ce billet Martine et j'en suis si émue que je t'embrasse tout simplement. A bientôt

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