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vendredi 13 septembre 2013

VILLA SANTO SOSPIR...




 Saint Jean Cap Ferrat 
 Francine Weisweiller invite Jean Cocteau à se reposer avec son fils adoptif Edouard Dermit en 1950 dans sa villa de Santo Sospir , après l'avoir rencontré sur le tournage des "Enfants terribles" .




Peu de jours après son installation, Cocteau ne peut rester sans rien faire, il propose à Francine de  décorer le mur blanc de la cheminée avec le portrait d'Apollon fait au fusain.

"L'oisiveté me fatigue, je m'y dessèche... Le silence de ces murs étaient terrible et, même, ils criaient leur silence à tue-tête. Peindre ces murs était remplacer un vacarme par un autre."


LE SALON




Utilisant le fusain il emploie ensuite la technique de la "fresque a tempera" et accomplit son travail de décoration en narrant par le dessin les histoires tirées de la mythologie.

"Deux été où je tatouais comme une peau, où je maniais ensuite l'attirail du peintre, deux étés où je devenais murs et toiles, où j'obéissais aux ordres sans qu'aucun tribunal me jugea... Il ne fallait pas habiller les murs, il fallait dessiner sur leur peau, c'est pourquoi j'ai traité les fresques linéairement avec le peu de couleurs qui rehaussent les tatouages."


Il couvre les murs, sans modèle au préalable, à main levée, les thèmes se succèdent libérant son imaginaire, faisant appel à la Côte d'Azur: pêcheurs, filets, fougasse, oursins, soleil et ciel lumineux.



La dormeuse aux oursins
représente son égérie, Francine qui aimait le soleil
(trois oursins, un couteau et la fougasse)




les prêtres du soleil
 ou
les pêcheurs au filet, 
à Villefranche. 
On reconnait la citadelle de cette cité.


le mythe de la lune:
un pêcheur endormi, dans une attitude lascive
 face à une licorne

 
une belle assiette aux regards énigmatiques
Amore?


buste de Cocteau jeune
 sculpté par Fénossa


LA SALLE A MANGER







 C'est la seule pièce à ne pas être décorée de fresque. Cocteau offre à Francine une tapisserie faite à Aubusson par l'atelier  Bouret.

Le thème en est "Judith et Holopherne"



 

"Judith a fait son coup, elle n'est plus une femme, elle est un sarcophage en marche, dépositaire de son histoire: elle porte la tête de sa victime et traverse au clair de lune des groupes de gardes endormis par sa servante. La servante pareille à quelque insecte, est encore éclairée par la chambre où a eu lieu la décollation.
Judith est enfermée dans ne cape à cagoule couleur de guêpe et sa servante verte, traversée de lumière jaune comme une opaline.Le reste des personnages est irisé par le clair de lune, certaines irisations sont d'une facture lisse, d'autres obéissent au frottement à plat du pastel sur les veines des planches"

Les murs de salle à manger ainsi que le plafond sont recouverts de cannisses (rangées de tiges de roseau assemblé pour faire des claies), les meubles dont le petit "vaisselier" viennent de Java.




Vous ne trouvez 
que par un jeu de lumière et de reflet, 
s'y découpe un certain profil? 






  LA CHAMBRE DE DIANE




 C'est sous ce berger sympathique, qui a pour mission de  protéger les dormeurs durant  la nuit, que se trouve le lit de Francine Weiweiller: elle y décèdera en 2003.



 
remarquez les yeux en forme de poisson



les plafonds sont également travaillés



Sous le regard du berger tranquille, Actéon va être changé en cerf sous l'oeil de la déesse Diane entourée de ses nymphes



 
une belle nymphe



Diane dénudée 
va prendre son bain

Actéon se transforme en cerf





un point rouge suffit pour faire apparaitre
 trois oiseaux en vol


quelques objets typiques



Surprenante  visite...
J'en garde encore un peu pour le prochain article.
 Nous visiterons le couloir et les chambres du bas.
Une vue cependant de la terrasse pour vous faire rêver!


 

Les sources historiques sont tirées du très beau livre de Carole Weisweiller,
 la fille de Francine.




Pour découvrir ce lieu 
où vous rencontrerez assurément
 Jean Cocteau (clic)

Lors des journées du patrimoine(clic) on pourra également visiter, ce qui est exceptionnel,
 l'amphithéâtre de Cap d'Ail
(Je ne sais pas si je pourrai y aller 
prise par d'autres obligations...
mais on ne sait jamais)
 
Si vous voulez profiter encore du
 BLEU
 un p'tit tour par
 Venessia(clic)


5 commentaires:

  1. C'est un endroit merveilleux, que je vais à peu près une ou deux fois par an faire découvrir à des amis.
    Je ne m'en lasse jamais, d'autant plus que certains jours on y est seuls pour la visite !
    Un endroit qui nous prouve encore la démesure du génie mythologique de Cocteau.
    Pour tous les amoureux de Jeannot qui passent par chez nous et aussi pour les autres!
    Vous apprendrez peut-être à aimer sa folie imaginative.
    A ne pas manquer surtout.
    Je me suis régalée.
    Gros bisous Martine.
    Belle journée.

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  2. La mythologie par Cocteau, un quel plaisir!
    J'aime particulièrement les yeux-poissons.

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  3. Cocteau était un génie...stupéfiant
    bonne journée

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  4. Je crois que je n'aimerais pas habituer dans une telle villa ( sauf si je pouvais squatter la terrasse avec vue sur mer)... Les dessins sont trop impressionnants et l'ensemble si chargé qu'il est pour moi étouffant. Il n'en reste pas moins que j'aime les dessins de Cocteau qui fait vivre ses personnages d'un trait à la fois très fin et très puissant. Un talent indéniable !
    Quant au buste qui le représente, je le trouve superbe.
    Bonne journée Martine :-)

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  5. Chère Martine, mille mercis pour ce reportage passionnant. Je me suis délecté avec ce post, tes photos sont merveilleuses et j'adore la poésie et l'univers de Cocteau. Je n'ai malheureusement jamais visité la Villa Santo Sospir, mais tu me donnes envie de foncer dans le premier avion pour Nice pour combler cette lacune. Je me souviens seulement du petit film de Cocteau lui-même (l'as-tu vu?) que j'avais découvert en 2008 au festival de Bobigny qui lui était dédié. Le poète, qu’on ne voit pas tout de suite au début du film, mais dont on entend la voix en off, situe d'abord la villa, laquelle n’est pas très éloignée de Villefranche et de l’hôtel Welcome qu’il avait fréquenté naguère, vingt ans plus tôt. Un beau jour, c'est la première anecdote du film, Cocteau est pris d’une envie de dessiner un mur de la villa. Matisse lui dit : «Si vous dessinez un mur, vous les dessinerez tous». Et, de fait, c’est exactement ce qui s’est passé, puisque Cocteau a dessiné ou, pour reprendre son expression, tatoué tous les murs de la villa. La profonde originalité de ce film est d’être un petit film amateur réalisé par quelqu’un qui est pourtant déjà à cette époque – en 1952 – un immense professionnel (il a derrière lui Le Sang d’un poète, La Belle et la Bête, L’Aigle à deux têtes, Les Parents terribles et Orphée). Bien qu’on ne voie pas Cocteau à l’œuvre, on se console en l’écoutant présenter et commenter tous les dessins qu’il a réalisés. Tous les souvenirs de ce film me sont revenus en revoyant tes superbes photos. Je me souviens aussi de la fine silhouette de Cocteau qu'on aperçoit dans le film, le poète traverse les jardins de la villa fleuris de bégonias et l'on passe d’une pièce à l’autre, accroché à la main bistre de Cocteau qui se déplace en indiquant tout ce qui mérite d’être observé le long des murs : Apollon au milieu de ses pêcheurs ; Narcisse au bain ; les trois oiseaux cachés derrière Actéon transformé en cerf, jusqu’aux couleurs peut-être un peu criardes dans mon souvenir (mais pas du tout sur tes photos, la villa aurait-elle été restaurée?) du Génie du sommeil, la seule fresque «peinte» de la villa, les autres n’étant que «dessinées». Cette villa Santo Sospir est l’équivalent du «Temple de Diane» dans La Belle et la Bête, c’est à dire le plus cher trésor de Jean Cocteau, qu’il partageait avec Edouard Dermit et Francine. Merci pour ce partage!

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