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lundi 28 février 2011

SUR LES TRACES DE BACH -9 b- NAUMBURG


L'église Saint Wenzel
      La ville de Naumburg est située dans l'Est de l'Allemagne à quelque 30 milles de Leipzig. L'église évangélique luthérienne Saint-Wenzel, sise sur la place du marché, est la principale église de la ville mis à part la cathédrale. En tant qu'édifice religieux remarquable, l'église est l'une des plus importantes églises-salles. La construction de style gothique tardif date de 1426. Le portail Ouest date de 1510/1520 alors que l'ameublement baroque date de 1724. Son clocher, haut de 72 mètres, est le point le plus élevé de la ville.  Le maître-autel contient des sculptures exécutées entre 1677 et 1680 par Heinrich Schau. L'église contient des tableaux exécutés par Lucas Cranach: Jésus-enfant (1529), l'adoration des mages (1522) et par Bartholoäus Spranger: l'adoration des bergers.
L'église a été restaurée en 1891.


L'orgue



      Lorsque l'église connut des difficultés avec son orgue vieux de 30 ans, Zacharias Hildebrandt procéda à sa réparation. Un gradué des ateliers de Gottfried Silbermann, Hildebrandt et J. S. Bach, cantor à Saint-Thomas de Leipzig, se sont liés d'amitié à la suite de l'admiration que Bach portait pour l'orgue que Hildebrandt avait construit pour l'église de la ville voisine de Störmal.
  Le 27 août 1743, le conseil de ville signe un contrat avec Zacharias Hildebrandt, de Leipzig, pour la construction d'un nouvel orgue de 52 jeux qui sera installé dans le buffet existant lequel a été construit entre 1696 et 1705 par Zacharias Thayssner. Il existe des preuves tangibles que J. S. Bach a joué un rôle important dans le choix de Hildebrandt pour la construction de cet instrument. On peut aussi être sûr que Bach a joué un rôle primordial dans le choix du devis et que cet instrument correspond à sa conception d'un grand orgue. Le 27 septembre 1746, J. S. Bach et Gottfried Silbermann examinent l'instrument parachevé et certifient l'acceptation de l'œuvre de Hildebrandt. 
C'est un instrument très important: un des rares orgues baroques à avoir reçu, dès l'origine, 3 claviers et un jeu de 32' à la pédale. C'était donc, pour l'époque, un orgue certainement considérable.
En 1748, le gendre de J. S. Bach, Johann Christian Altnikol, devint organiste de cet instrument.

     
En 1834, afin que l'orgue soit aux goûts du jour, quelques petites modifications sont apportées au devis par Friedrich Beyer, un facteur local. En 1864, Friedrich Ladegast, de Weissenfels, révise l'orgue et modifie le devis. En 1917, Oskar Ladegast retire les sommiers de la division d'Oberwerk et les remplace par des sommiers à pistons. En 1932/33, l'orgue est reconstruit en profondeur par la firme Walcker, de Ludwisburg. Ce qui restait de la traction mécanique est enlevé et remplacé par une traction électro-pneumatique. Une console à traction électrique est installé dans la première tribune. Le devis retourne à sa version de 1746 à la suite de recommandations de Christhard Mahrenholz.


      En 1964, la firme Eule, de Bautzen, réharmonise l'instrument de façon à ressembler à l'harmonisation originale de Hildebrandt. En 1992, un symposium international est organisé dans le but de discuter le passé, le présent et le futur de l'orgue Hildebrandt. Le vote unanime en faveur d'une restauration stricte ouvre la voie pour les travaux de restauration et de reconstruction réalisés de 1993 à 2000, au coût de 2,5 millions de dollars, exécutés par la firme Hermann Eule, de Bautzen. Le travail inclut: la traction des claviers et du tirage de jeux, le système de vent, la tuyauterie, l'harmonisation, le diapason, le buffet, la structure, les sculptures, et la couleur de la peinture. L'orgue restauré a été inauguré en décembre 2000.

La Marktplatz et les alentours
Oriels décorés
 

La place du Marché est bordée de jolies maisons du 16è et 17è s. L'hôtel de ville a été construit entre 1517-1528 dans un style gothique flamboyant. Il possède un magnifique portail de 1611 et six pignons à remplage.




Dans Marienstrasse on recense de nombreuses maisons patriciennes dont les jolis portails témoignent d'un passé prospère.
Dans la Herenstrasse s'alignent de nombreux oriels dont celui de la pharmacie.
On y rencontre Nietzsche également qui n’a passé dans aucun autre endroit autant de temps qu’ici: enfance et adolescence, visites et vacances, enfin cette année de soins maternels après son état d'abattement en 1890.
Départ pour
LEIPZIG



SUR LES TRACES DE BACH -9 a- NAUMBURG


 Je prépare une conférence 
sur ce merveilleux voyage en Thuringe, un peu délaissé depuis octobre, de par la suite des évènements.
Je termine les trois dernières journées du voyage qui va me mener à Leipzig, bien rassurée d'avoir mis en page les précédents épisodes, cela va me servir à construire mon programme musical.
Que d'informations recueillies!


Cathédrale de NAUMBURG

 La cathédrale de Naumburg est une basilique à deux choeurs et trois nefs. L'entrée est latérale, de sorte qu'on y découvre pas immédiatement l'axe principal.
La crypte date de la fin de l'époque romane, les éléments architecturaux attestent de la maitrise des artisans des XIIème et XIIIème siècle. Le crucifix romain très raide et solennel date de 1160-1170.


Après sa formation lors de la construction des cathédrales au nord de la France, situées en Ile de France, en Champagne et en Picardie, dans les années 1220, le chemin du Maître de Naumburg le mène au-delà des frontières du royaume de la France à Meissen en passant par Mayence et Naumburg.
Le nombre et avant tout la qualité des sculptures conservées sont d’une importance mondiale. Parmi ces œuvres se trouvent les sculptures conservées du jubé occidental de Mayence, les statues du choeur et de la chapelle octogonale de la cathédrale de Meissen et avant tout le chœur occidental de la cathédrale de Naumburg, unique en son genre, avec les reliefs de la Passion ornant le jubé ainsi que les statues des fondateurs.


 L'iconographie figure la Passion conformément aux textes des Évangiles en commençant par la  Cène:
"-Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c'est celui qui me livrera."
La représentation du relief suivant, Judas recevant les deniers d'argent:
Alors l'un des douze, appelé Judas Iscariot, alla vers les principaux sacrificateurs et dit:
"-Que voulez vous me donner et je le livrerai?"
et ils lui payèrent trente pièces d'argent.
Vient ensuite l'arrestation de Jésus:
Et Jésus dit
-"Judas c'est par un baiser que tu livreras le Fils de l'homme."
Simon Pierre qui avait une épée la tira, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l'oreille droite.Ce serviteur s'appelait Malchus.






Saint Pierre et la servante
Le reniement de Saint Pierre:
  -"Certainement cet homme était aussi avec lui, car il est Galiléen."
Pierre répondit:
-"Homme, je ne sais ce que tu dis."
Au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta. Le seigneur s'étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite:
-"Avant que le coq chante aujourd'hui, tu me renieras trois fois."
Et étant sorti, il pleura amèrement.


 

On peut trouver des preuves concrètes sur le travail du Maître de Naumburg comme architecte et sculpteur lors de la construction de la cathédrale de Reims commencée en 1211. Un édifice qui se distingue par une multitude particulière de sculptures en rapport novateur avec l’architecture. Par la confrontation avec des œuvres de Strasbourg, Bamberg, Magdeburg ou Trèves, l’orientation et le but de l’atelier qui a travaillé à Naumburg se feront connaître encore plus clairement. 

Hermann, Ekkehard et Uta, Dietmar
Syzzo
Reglindis et Hermann

L'intérieur du chœur occidental de la cathédrale est décoré de douze statues qui surmontaient autrefois les stalles et qui sont couronnées par une succession de petits gâbles. Les statues ne représentent ni les Apôtres ni des saints mais, fait unique dans une église gothique du XIIIe siècle, des laïques, les nobles saxons fondateurs de la cathédrale,  Ekkehard II et Uta von Ballenstedt, les comtes Dietmar, Syzzo, Wilhelm et Thimo, la comtesse Gerburg faisant fasse au comte Dietrich, la comtesse Gepa l'épouse du comte Wilhelm et un neveu des deux margraves, Konrad.  
On pense que ces personnages sont liés à la liturgie funéraire qui, depuis l'époque carolingienne, se célébrait en Allemagne dans les chœurs occidentaux. 
L'originalité du Maître de Naumburg ne s'en manifeste pas moins dans le style de ces figures très animées, très expressives qui fascineront les hommes depuis des siècles.




  Les sculptures de feuillages illustrent la végétation locale du 13e siècle, elles furent sculptées sur les chapiteaux décorés de feuillages en filigranes, les frises et  les clés de voûtes du jubé et du chœur occidental. On peut exactement déterminer la botanique de cette époque.


POUR CEUX....



dont les congés sont terminés


 une pensée...
de ceux qui ont encore 
quelques jours.
Belle journée!


vendredi 25 février 2011

BATAILLE DE FLEURS


 APARTÉ:

Je me dois de vous faire profiter
de notre  après midi d'hier
  Promenade des Anglais
 Bataille de fleurs, 
spécialité du Carnaval de Nice


LA REINE ET LE ROI 2011



En 1876, Andriot Saëtone crée la 1e bataille de fleurs sur la Promenade des Anglais. Elles gardent depuis ce cadre prestigieux. À l’origine, elles prennent la forme de simples échanges de fleurs et, peu à peu, se transforment en un véritable spectacle.
Organisées initialement pour divertir les premiers touristes, le gotha européen, les batailles de fleurs sont maintenues pour honorer le travail des producteurs locaux, cher à Alphonse Karr, écrivain-botaniste, attaché à Nice.




Aujourd’hui, cet évènement valorise la qualité et la grande variété florale azuréenne puisque 80 % des fleurs utilisées sont produites localement.
Les chars, au nombre de 20, entièrement fleuris paradent sur la Promenade des Anglais entre l’avenue des Phocéens et l’hôtel Négresco. Sur chaque char, des mannequins costumés lancent 80 à 100.000 fleurs au public...







Ces batailles sont à l'unisson des chars de carnaval, un cortège de mises en scène végétales sur le même thème. Leur réalisation représente un long et méticuleux travail, pourtant effectué dans un délai court par les maîtres de l’art du piquage que sont les fleuristes. Les costumes naissent dans un atelier de création qui leur est entièrement dévolu. Ce sont des créations uniques conçues comme pour le théâtre.






Cette manifestation représente un spectacle unique au monde, elle compte parmi les fêtes les plus renommées de la Côte d’Azur. Nice exporte dans le monde entier ce savoir-faire de l’élégance, de la beauté et du charme des batailles de fleurs.



A très bientôt


mardi 22 février 2011

QUELQUES JOURS


en vacances...


cela peut se résumer à 
"plus de cours, plus d'élèves, plus de déplacement",
mais il reste...
le petit fascicule des  "Idées Heureuses" qui se prépare et doit être terminer en fin de semaine, 
une conférence à préparer,
un peu de jardinage, 
 les oliviers  à tailler, 
Alain s'en charge mais je ramasse les branchages, 



un peu beaucoup de rangement dans la maison avec en plus de Diva la Tranquille, Django le chat d'Adrien, en pension à la Pita Figa, celui qui court plus vite que son ombre...toute la journée!

En résumé, ces quinze jours vont filer à une allure grand V...



 Je vous abandonne pour quelques instants...
Mais je vous concocte quelques surprises pour la reprise


A très bientôt


vendredi 18 février 2011

IL FAIT ENCORE FRISQUET...




Cependant...




 Le premier iris vient de s'ouvrir,

-"Je sais, je suis frondeur!"


Les hellébores font les belles,

-"Nous ne craignons pas le froid." 



 Mimosas et crocus s'ébouriffent d'aise.

-"C'est notre saison d'apparat!" 


J'espère que les jours à venir seront ensoleillés,
pour profiter  de ce réveil en douceur de
Mère Nature




jeudi 17 février 2011

Nous y retournons ce soir...



Ce sera sous la pluie.






L'exposition sera-t-elle différente?
 






Rencontre cette fois-ci avec un compositeur
Miroslav SRNKA



Soirée DÉCOUVERTE









J'y roule...
Douce soirée à vous.

mercredi 16 février 2011

dimanche 13 février 2011

FIN DE SEMAINE


La vie continue à livrer ses chemins d'aventures et de rencontres.

Après ce début de semaine éprouvant, le défilé des heures assure sa marche inexorable, mais c'est si précieux  à savourer. 



Le prologue au Printemps des Arts nous a donné l'occasion de retrouver notre ami Philippe BIANCONI, grand pianiste assez ignoré de la France qui fait une carrière de haut vol ailleurs... 
Nul n'est prophète en son pays, mais il y a la Principauté qui l'invite souvent ainsi que la ville de Cannes où il se produit régulièrement. 




Nous étions donc dans la même galerie d'art qui avait changé pour notre plus grand plaisir ses œuvres.


C'est dans cette ambiance contemporaine - Roberto BARNI et ses personnages longilignes dorés, Tom OTTERNES et sa" mouse" hilare, les impressions froides de l'Antartique de Richard ESTES, le nu d'E.B. KITAG,  illustrations musicales d'ARMAND, le cheval oblitéré de  SOSNO, sans oublié Bottero et ses femmes de cirque aux lignes "aériennes" défiant l'apesanteur- que nous écoutons avec beaucoup d'attention la présentation des œuvres pour piano de Schumann qui seront interprétées durant une soirée complète en mars au Palais Garnier: deux pianistes, quatre heures de musiques...


Philippe BIANCONI 
Marc MONNET 

Les explications sont très précises, nous éclairent sur le compositeur que nous connaissons pourtant,  avec toujours les exemples musicaux en live. 
Un excellent moment partagé suivi d'un petit cocktail autour  d'un verre de vin blanc frais et fruité du Château Miraval.
Occasion de papoter et de remettre un peu d'ordre  dans la suite chronologique des évènements passés.
Philippe est un être généreux, sa douceur, son sourire, son élégance sont toujours de mise, sa simplicité a toujours été un gage d'amitié lors de nos retrouvailles impromptues.

Troisième rencontre, jeudi prochain autour d'un compositeur : Miroslav SRNKA...




 Le lendemain le concert des CHAM avec une myriade d'élèves des CE1 jusqu'à la Terminale. 


Chorales, orchestre, ensembles et la présence par la pensée de notre petite Marie qui aurait du jouer ce jour-là.



Ils y pensent toutes et tous et sont heureux de mettre en scène leurs prestations avec discrétion pour le souvenir de leur jeune amie disparue.




Des ensembles variés présentant le travail de l'ensemble des matières enseignée au sein du CNRR.
C'est aussi la fête des enseignants, un peu sur la brèche, mais on a toujours confiance en nos jeunes étudiants. Les photos que je vous présente sont issues de la répétition générale et cela a déjà de la tenue malgré quelques "illustrations" sonores d'installation; quelques collègues un peu plus grincheux trouvent cela... insupportable, lorsque leur propre élèves jouent. Personnellement cela ne l'empêche d'apprécier le talent de certains petits musiciens, c'est tellement minime comme désagrément momentané. 
Un beau concert!



 J'enchainerai cette fin de journée  avec une chose que je fais très rarement, un concert privé chez des personnes monégasques très aisées,  pour l'anniversaire de leurs jumelles.
Je ne fais que le signaler pour me souvenir que, à part le fait que cela paiera le vaporetto dans un voyage futur et pas encore suffisamment proche,   le  champagne était excellent, ainsi que le  somptueux gâteau au chocolat  éclairé de "cierges merveilleux", je préfère oublier l'instrument-beurk- qui pourtant a eu son succès auprès d'invités qui ne connaissaient pas  "le clavecin", public peu intéressé par notre prestation, dont j'ai complètement oublié les visages.

Mon partenaire violoncelliste  et moi-même avons assuré parfaitement le contrat établi dans cet  autre monde, celui  des hommes d'affaires -lesquelles?- avec de jeunes  et moins jeunes femmes liftées, tenues de grands couturier, bijoux de luxe...difficile de rester jeune et belle cependant, le temps les rattrape, malgré tous leurs efforts onéreux.
Il leur arrive de faire tomber un peu de délicieux"canapé" au sol...que l'on fait disparaitre d'un léger coup de chaussures de marque sous la table.
Le traiteur était très qualifié et nous a régalé.
Rien n'est passé sous la table...

Monaco by night

Une semaine ordinaire de tout un chacun.

 Je vais cependant avoir la chance de me ressourcer dans mon jardin d'Eden, entouré des oliviers centenaires, du mimosa qui se gonfle et se farde de jaune, accompagné de Diva, d'Alain à qui je vais encore trouver une tache (!)...
Qu'il sera doux d'être en fripes, chaussures usagées, une fourche  à la main,  une pelle dans l'autre, effritant la terre avec passion de mes doigts non gantés, parlant aux oiseaux et remerciant les vers de terre de travailler si patiemment .

Bon dimanche à tous,
merci pour votre passage dans le dernier post, 
 vous lire a été réconfortant.

 N'oubliez pas demain...
pensons à nos 
Tendres Amours






mercredi 9 février 2011

MARIE...


Un mercredi qui pourrait  être comme bien d'autres...
journée particulièrement harassante par la densité des cours. Les enfants n'étant  pas scolarisés ce jour-là ils  vont parfaire leur connaissance musicale, système éducatif complémentaire souvent choisi par les parents. 

Je  commence cette journée par des minots de 3 à 5 ans: accompagnée de Fifi le percussionniste, Martine s'active, chante, danse, improvise sur un mode pentatonique ou  pour le deuxième groupe guère plus grand, suite à l'exploit de Louise qui toute ravie m'apprend fièrement qu'elle a fait sa première tarte aux pommes,  invente la chanson:
 
"j'ai fait une tarte aux pommes couverte de confiture
avec des grains de raisins et des petits pépins"

Quelque chose comme ça...  on danse,  on tape sur des lames de métal accordées, on frappe dans les mains, on secoue des maracas en forme d'œuf, on rit, un bon moment de gaité offert par la pratique de la  musique à ces jeunes enfants plein de vie.

Arrive midi: Je retrouve exceptionnellement mes enfants autour d'un repas au restaurant, on discute à bâton rompu, le coca accompagnant de ses bulles les rires et câlins, on s'échange  les dernières nouvelles de la semaine.
Un excellent moment partagé.
Reprise des cours à 13h30 pour cette fois-ci 45 minutes de chants, lecture de notes, rythme et j'en passe.  Il faut vous dire que je travaille les mercredis dans ma commune, prêtant main forte à la petite structure qui offre aux habitants de la vallée des cours de musique.
Je me suis donc remise à donner des cours de formation musicale -solfège, disait-on avant- entre deux élèves de clavecin pour aider l'école en déficit momentané de professeur.



Quarante cinq minutes de répits avant de prendre exceptionnellement la voiture pour Lucéram...
Difficile de trouver une place aujourd'hui, dans ce village  du moyen pays niçois. 
Je parcours les rues étroites de ce lieu animé à Noël par de belles crèches;  des groupes de personnes attendent sur la place du village, je suis d'un pas lent d'autres personnes,   dans un silence religieux, on peine à monter là- haut .
Je retrouve  parlant du regard, sans mot, des élèves musiciens de 5ème d'horaires aménagés du conservatoire de Nice, ils ont tous une rose blanche à la main, ils sont comme engourdis, dans une sorte d'immobilité inhabituelle, ils échangent, brièvement.
Je préfère rentrer avec discrétion dans l'église remplie de personnes alors inconnues. Des lunettes noires pour certains, des yeux gonflés pour d'autres; je me place dans un coin à côté d'un vieux monsieur assis sur un banc de bois inconfortable, tenant sa canne au manche arrondi, le pouce recouvert d'un sparadrap, il  ne dit rien, attend.
Les tableaux de Bréa sont là, magnifiques, les personnages enluminés nous observent, la Sainte vierge et son enfant nouveau-né, Sainte Marguerite terrassant un dragon à la gueule d'hippopotame édenté, Saint François d'Assise dans sa robe de bure élimée; les anges aux joues rebondies en stuc blanc sont quelque peu recouverts à des endroits de leur anatomie de toile d'araignée; ils invectivent, le poing serrant un objet à tout jamais disparu; Les séraphins chantent bouche fermée des airs anciens que seuls les saints peuvent entendre. Les guirlandes de roses rouges délavées par le temps débordent avec grâce des représentations picturales laissées par des peintres inconnus.

L'assemblée de plus en plus nombreuse s'infiltre, attendant immobile; le poids du corps passant d'un pied sur l'autre, je serre mon manteau, il fait humide,  froid, il s'ensuit des moments de calme indéfinissables parcourus de frémissements imperceptibles. 
Des musiciens sont installés sur le devant, je vois quelques clarinettistes, un ami trompettiste, je reconnais un enseignant de musique en collège, notre directeur est là, sérieux,  recueilli, la conseillère aux études installe la classe de cinquième, regroupée sur le devant, une rose blanche à la main, fleur qui penche, inexorablement, se lamentant, à sa manière, de perdre un peu plus à chaque seconde de sa prestance. Je  croise le regard de collègues, professeurs de piano, eux même parents d'adolescents  de cette classe.
Un nouveau silence...un nouvel instant d'immobilité, impalpable, on retient nos souffles, on cherche dans les yeux des Saints du réconfort, un semblant de chaleur.
Puis le glas se fait entendre,  deux coups, le troisième  toujours plus en attente, il réitère son rythme morbide, lent, à plusieurs reprises, le troisième coup toujours de plus en plus retardé, accompagnant la longue procession,  qui  doit serpenter le long des rues pentues du haut village, difficile avec ces pavés glissant, ces marches larges et inégales, les hommes haletant, marchant d'un pas quelque fois maladroit, qui ne peut se permettre la moindre faute, la moindre secousse, portant par groupe de quatre avec effort deux cercueils.

Marie et sa maman Martine qui dans un accident de voiture ont quitté le monde des vivants dans la nuit de jeudi à vendredi en rentrant chez elles.
Des gerbes rondes, ovales, de roses pâles devancent l'arrivée des boites longilignes... 
Laquelle contient Marie, laquelle contient la maman?
Les pleurs se font alors entendre, lancinants, de plus en plus présents, un crescendo de lamentations qui ne sont plus retenues, au passage des défuntes, libérant les larmes si douloureuses à refouler,  les jeunes sont effondrés, ils doivent supporter l'inimaginable. 
Marie est là toute proche, à côté d'eux, à l'intérieur de cette enveloppe de bois vernis, recouverte de gerbes de roses blanches, leur amie d'enfance, leur amie de classe, tout juste 12 ans,  enfermée à jamais dans cette caisse qui sera bientôt recouverte de terre, ce petit lutin que je faisais travailler chaque lundi en musique d'ensemble, lui demandant:
-" Mais pourquoi tu fais ce son bizarre en soufflant dans ta clarinette, tu ne l'entends pas?"
Et elle cherchant avec malice à comprendre mon desiderata...
-"Cela doit être mon anche!!!!"

Petite Marie aux yeux curieux, pleine de sourires, d'humour, de vie, de longs cheveux noirs et bouclés, entourant son petit visage, petite Marie, que j'aimerais te retrouver lundi prochain. Que ne donnerai-je pour à nouveau de demander:
-"Mais pourquoi ce drôle de son?" 

Mais dans cet abime de larmes, de sanglots, de peine incommensurable, tu vogues vers d'autres lieux inconnus de nous tous, les vivants; es-tu accompagnée par ta maman, te couve-t-elle de ses nouvelles ailes d'ange pour te protéger?

L'homme à la grande robe blanche ornée de broderies dorées nous accompagne dans notre tristesse par les mots d'Amour, de souvenirs, de mémoire. Il est ému et lorsqu'il parle du baptême de cette enfant vive et si souriante, les jeunes élèves tombent dans des malaises profonds. On en évacue deux qui par  leurs sanglots continus ne retrouvant plus leur respiration sont au bord de l'évanouissement.
La famille est au désespoir, le père effondré, le jeune frère  également, les lamentations des amis  de la famille devant ce que l'on nomme injustice...
"si jeunes, si belles, en pleine santé, remplies d'énergie, de projets...."
La vie peut être si dénuée de sens en cet instant.

La fin de la cérémonie est  accompagnée de musique, les fleurs repartent vers leur destination finale, les cercueils font le chemin en sens inverse, un signe de croix, à leur passage, le monde, silencieux, suit le cortège vers le  bas du village,  retenant sa marche, certaines personnes s'expriment, avec beaucoup d'émotion, parlant de ceux qui restent; la voiture de Marie est escortée vers le cimetière par ses jeunes ami(e)s de classe, la rose blanche baissant sa tête paumée et parfumée.

Je quitte  les lieux, aussi discrètement que je suis venue, par les petites rues silencieuses que je connais si bien, l'âme en peine,Marie a du joué ici, lorsqu'elle était gamine, à trappe-trappe, au chat perché, la petite place du haut avec son lavoir où elle a du s'abreuver de cette eau si limpide pour se désaltérer. Un dernier regard sur les voitures fleuries de blanc et de rose pâle qui avancent lentement, sur les jeunes musiciens, défaits mais malgré tout courageux, que je retrouverai vendredi.
Je songe  pleinement aux miens dans mes  pensées...

 Après cette  cérémonie d'adieu, ayant  déplacé quelques cours, il me reste à finir la journée en enseignant à des adultes  sympathiques, plus ou moins en activité ou à la retraite qui pour assouvir leur soif de musique viennent prendre des cours de solfège... Je ne leur parle pas de cette après-midi.

Pourquoi ai-je fait un cours si vivant comme si de rien n'était alors que le petit visage rieur de Marie ne me quittait  pas.
Pourquoi ai-je trouvé le ciel si bleu en sortant de l'église, les montagnes de Lucéram plus nettes et plus découpées qu'à l'accoutumé, les couleurs plus lumineuses?
J'ai respiré si profondément dans la fraicheur de l'instant...


La vie a repris son cours, j'ai une pensée d'affection ce soir, pour cette famille en plein désespoir  qui va passer bien du temps à soigner la peine de la perte définitive d'êtres  si chers, si proches, si jeunes.

Et maintenant, en cette fin de journée, j'écris ces quelques mots pour fixer le  souvenir de cette journée, sans larmoyer...
  Je ne t'oublie pas MARIE.