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lundi 14 juin 2010

Une semaine bien remplie


RÉFLEXIONS

L'Ariane et son usine d'incinération

En parcourant cette petite série de compte-rendu
sur une semaine d'exception, j'en suis revenue à penser à la réussite d'Ibrahim, me disant que s'il avait eu la chance d'être dans un autre milieu plus prospère, il aurait pu démarrer sa passion sans  vivre la souffrance. 
Peut-être que celle-ci est  un révélateur, pour celui qui a la force et la foi, mais on en laisse tellement sur le carreau, qui n'ont pas le choix et les moyens de faire face à tous ces prédateurs qui utilisent leurs faiblesses à des fins malhonnêtes.

Comme je le dis à chaque parent, les moyens culturels quels qu'ils soient, forment pour l'avenir des êtres sensibles dont la  réflexion permettra  plus tard  d'argumenter leurs propres choix, sans avoir à mettre le feu aux poubelles pour se faire écouter.
Ils développeront au contact des œuvres des  émotions, de la  réflexion et de l'analyse, tout une panoplie  de réactions qui animeront leur intellect. Cela donnera à mon sens une raison supplémentaire d''agrémenter le parcours de la  Vie.

Des milieux, comme à Nice le quartier de l'Ariane, sont très fermés; en parlant aux bibliothécaires afin de présenter des projets, j'ai appris qu'il  est assez difficile d'y proposer des choses sans un travail de longue haleine; il y a quelques  structures modernes installées qui ont coûtées chers, il y a beaucoup d'adhérents mais peut-être pas suffisamment de ces jeunes qui , non scolarisés, pas éduqués, manipulés, préfèrent dans la révolte, dealer, casser, voler à l'arrache (vous avez du voir ces attaques en plein jour de voitures vandalisées  à l'arrêt d'un feu rouge, avec agression à coup de pieds sur les passagers et conducteurs pour voler un sac à main) .


Le Paillon

 
La solution qu'a trouvée la municipalité est un couvre-feu pour les moins de 13 ans à partir de 23 heures...rien d'autre dans la  prévention, s'il n'y avait pas la volonté de quelques "missionnaires" courageux et pas mal usés, ce serait l'illustration d'un véritable no man's land...
Oui! on ne les verra plus  dans les rues mais n'y a t-il pas des sous sols d'immeubles , des cages d'escalier, d' autre lieux où les rencontres peuvent s'organiser?




C'est un sujet épineux, et je n'en apprécie que plus la réussite d'Ibrahim qui a rencontré les personnes nécessaires à l'accomplissement de sa passion. 

Cela me fait rebondir sur nos propres conditions d'enseignement et nos propres "adhérents".
Par l'assiduité aux cours, à la pratique journalière, aux   résultats obtenus, nous voyons bien qu'il y a de meilleurs développements intellectuels  pour des enfants suivis, dans des familles, qui même si elles sont recomposées, sont plus structurées, plus équilibrées, avec des réflexions d'éducation pluridisciplinaires. Ce n'est pas toujours facile, mais il n'y a pas cette révolte violente, juste une adolescence troublée, qui ne cherche qu'à défendre ses désirs et ses choix.

Je pense toujours, à ces moments, à certains de mes collègues qui auraient tendance à se montrer insatisfaits de leurs conditions: ils  devraient aller faire des stages dans ces quartiers difficiles. 
Soyons heureux de posséder un  travail précieux  qui anime nos passions à longueur de temps, depuis notre enfance, dans un lieu, pour ma part, d'enseignement de l'Art, nous offrant des rencontres riches en émotions, et ayons toujours une réflexion vers ces jeunes, dépourvus de moyens, à l'avenir si opaque et terrible, à l'intérieur de ces quartiers si défavorisés et délaissés.




10 commentaires:

  1. Tu en parles si bien, Martine, et j'abonde dans ton sens !
    L'accès organisé et facilité à des activités culturelles, artistiques ou sportives pour ces jeunes des quartiers défavorisés serait un moyen tellement plus efficace de sortir un bon nombre d'entre eux de l'univers de violence où les enferme le désœuvrement et l'absence d'horizon ...
    Il en va de même pour les pays où l'accès à l'éducation est bafoué, ou alors encadré par des mouvements politico-religieux... et qui sont le lit de la haine et de l'intolérance ...
    La prévention passerait par une réelle volonté "d'en-haut" qui, à mon sens, n'est pas de mise...
    A bientôt, et belle semaine à toi !
    Bises,
    NiNa-Lou

    PS : ta nouvelle présentation est superbe ! Douce et bleue comme tes idées heureuses et le ciel de chez toi ... :)

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  2. Super article, tu as les yeux bien ouvert sur notre monde
    En ces temps ou nos politiques coupent les crédits à la culture et n'ont d'autre réponse à la crise des jeunes que la répression et le couvre-feu, on peut leur rappeler que celui qui n'a pas de mots pour exprimer son malaise a recours à la violence.
    En donnant un vrai accès à la culture, on permettrait l'expression de cette violence dans un langage universel.

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  3. A l'heure où les associations ont de moins en moins de subventions...

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  4. Bel instant de réflexion dans un emploi du temps chargé, et combien tu as raison de parler ainsi. Certes cette "culture" artistique est difficile à partager, mais que grâces soient rendues à tous ceux qui s'y emploient...

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  5. Un " article" qui fait réfléchir mais pour dépasser la réflexion, il y a l'action et c'est là que tout se complique avec seulement quelques humanistes " missionnaires". Il faudrait une telle volonté politique ...
    Merci de votre précieuse réflexion .

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  6. Pour travailler fréquemment dans les banlieues marseillaises, qui hélas, n'ont rien à envier à celles de Nice, je soutiens totalement ce que tu dis en parlant de certains de tes collègues "qui auraient tendance à se montrer insatisfaits de leurs conditions : ils devraient aller faire des stages dans ces quartiers difficiles".

    C'est ce que je propose souvent lorsque je rencontre ces derniers, un "échange" avec les enseignants de ces quartiers là, ne serait-ce qu'une semaine, parfois je leur dis même : faites une traversée de cour de récréation à. .., et nous en reparlerons...

    Bonne soirée à toi !

    Norma

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  7. C'était aussi le projet de Rudolf Steiner, offrir des activités artistiques à chaque élève, mais l'état ne va pas dans ce sens !

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  8. Bonjour Martine.
    Et oui réflexions de toujours. J'admire les enseignants, tous les enseignants, mais surtout ceux qui pratiquent dans les quartiers dit difficiles. Pas plus tard qu'hier, à la télé était montré le travail de policiers, suivant à la trace un délinquant de 31 ans révélé par les caméras de surveillance. Sans foi ni loi, même voler le porte monnaie à une endicapée, et personne ne réagit. C'est ce qui me choque le plus. L'indifférence, à tous les niveaux, l'indifférence des gouvernement pour les quartiers aux enfants désoeuvrés. Si la *foule avait le réflexe de réagir ensemble, spontanément. Dans quel environnement a grandit ce jeune adulte, avec la responsabilité d'une jeune maman à la maison. Cercle vicieux, . Les jeunes sous influences des plus grands, modèles. La *bande* est plus importante que l'instit. Instits, vous avez toute mon admiration.

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  9. Un jour, il y a longtemps, J'étais dans un bistrot avec des amis. Il y avait là un monsieur en salopette qui nous écoutait. Soudain il dit * le théâtre ce n'est pas pour nous* * Et pourquoi, Monsieur*. Grande discussion ! Il s'était fait une idée du théâtre pour les *bourgeois*,par manque de connaissance et d'éducation. * et le foot, Monsieur, seulement pour les ouvriers ?

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  10. Comment ne pas être d'accord avec chacun des mots que tu écris ? Je crains que le "territoire" auquel on puisse les appliquer ne s'étende de jour en jour un peu plus, tandis que les bonnes volontés, elles, diminuent comme peau de chagrin, épuisées.
    Où restera-t-il un peu de calme et de paix pour les enfants, et les enfants de nos enfants ?

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