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dimanche 16 mai 2010

PARFUM ( 1)


Son histoire

Dans les civilisations antiques, de l'Égypte à la Grèce,
les "parfums" n'existent pas en tant que tels. Fleurs, plantes aromatiques et résines  ne  sont d'abord que des matières premières brutes qui sont vouées au culte des Dieux. L'usage des substances odorantes s'intensifie et les supports évoluent rapidement : fumigations, huiles, baumes, liqueurs fermentées… Riches et pauvres l'utilisent dans un effort pour s'approcher du divin : le parfum exalte la beauté et la puissance des Dieux. Avant que la décadence n'entraîne le parfum dans son cortège d'orgies, il sublime le corps et le guérit de ses maux. 

 Vase à parfum

 Au Moyen-Age, les Croisés ramènent d'Orient 
matières premières et techniques du parfum. A la suite des chinois et des arabes, les alchimistes d'Europe découvrent l'alcool éthylique et la distillation. Après les voyages de Marco Polo, irrésistiblement, le commerce des épices s'intensifie.
Les bonnes odeurs — croit-on — désinfectent et protègent des épidémies : les riches portent des boules à parfum remplies de musc, d'ambre ou de résines aromatiques. L'usage du parfum accompagne la naissance d'un certain art de vivre. Les poètes chantent avec lyrisme la féminité. En dépit des mises en garde de l'Eglise, les galants et leurs belles savourent les plaisirs charnels dans la sensualité des bains parfumés.

Pomander sphérique 
"Aspeto tendo che piata si mova che soferendo si vincie oni proba". 

 La renaissance propose une nouvelle vision du monde. 
Architectes, ingénieurs, artistes et érudits voyagent à travers l'Europe. C'est l'âge d'or du mécénat et de l'art. Succédant aux recettes alchimiques, apparaissent les premiers traités de chimie. Vasco de Gama, Christophe Colomb, Magellan, les grands explorateurs ramènent de nouvelles matières premières d'Amérique et d'Inde : cacao, vanille, baume du Pérou, tabac, poivre, girofle, cardamome... A la Cour, grandes amoureuses et femmes de pouvoir rivalisent de secrets de beauté... et de poisons.
Venus d'Espagne et surtout d'Italie avec les Médicis, des parfumeurs étrangers s'installent à Paris et les gants parfumés envahissent la France

Dame à sa toilette
École de Fontainebleau


Versailles rayonne et impose sa mode et ses usages. 
En quatre ans le Roi-Soleil n'a pris qu'un seul bain! La crasse règne, femmes et hommes usent et abusent de parfums et de cosmétiques. Le parlement autorise les maîtres-gantiers à prendre le titre de parfumeurs, puis de poudriers.
 Montpellier et Grasse se disputent la culture des herbes médicinales et des fleurs, œillet, violette, lavande, jasmin, rose et tubéreuse. 



"Le Parfumeur"

La Cour de Louis XV est baptisée "la cour parfumée"
et l'usage d'un parfum différent chaque jour est prescrit. On y utilise aussi des vinaigres de toilette. Insouciance et fêtes galantes, Marie-Antoinette folâtre. La publicité relaie les canons de l'élégance féminine, qui sont suivis à la lettre. On redécouvre l'hygiène et les goûts olfactifs évoluent vers des parfums plus subtils qui font la fortune des premières grandes maisons parisiennes. Les chimistes de Grasse prospèrent, ils améliorent grandement les techniques d'enfleurage et de distillation. A Cologne, Jean-Marie Farina lance l'eau de Cologne. 

Pot à pommade


1789. L'odeur de la poudre... à canon se répand 
avec la Révolution française. Les parfums sont honnis. Ils reviennent en grâce sous le Consulat et l'Empire. L'impératrice Joséphine dépense des fortunes en senteurs exotiques et Napoléon abuse des frictions à l'eau de Cologne. Les hygiénistes anglais relancent le goût des bains parfumés. A l'époque romantique les femmes délaissent les fards et les parfums violents.
Le teint pâle, elles s'abandonnent aux langueurs, un mouchoir délicatement parfumé à la main. 


Joséphine femme fleur

Après un engouement bref et excessif pour le vétiver et le patchouli
sous le second Empire, la deuxième partie du 19ème siècle est marquée par le triomphe de la bourgeoisie et la naissance du bon goût olfactif. Le commerce de luxe fleurit, la parfumerie se définit peu à peu comme un art. Coumarine, héliotropine, vanilline, ionone et premiers aldéhydes... la chimie de synthèse et ses notes inédites provoquent une révolution olfactive. C'est la naissance de la parfumerie moderne. 




Flacon Musée du parfum Grasse


C'est la Belle Époque!
L'Art Nouveau déclenche l'enthousiasme. Côté parfum, Coty, créateur d'avant-garde conjugue ses talents avec ceux de Lalique et fait du parfum un véritable produit de luxe. Côté mode : adieu faux culs! Poiret réinvente la silhouette de la femme.
Aux États-Unis, commence le marché de la beauté avec les premières maisons de soins et de cosmétiques d'Elisabeth Arden et d'Helena Rubinstein. Ce n'est que bien plus tard qu'elles fabriqueront des parfums.
Émancipation et novation, la garçonne des années folles trouve dans les parfums aux aldéhydes une fraîcheur inédite.



Dans les années 1920,  années d'extravagance,
les femmes travaillent et s'émancipent. Adieu corsets! C'est l'époque de la garçonne. L'esprit aussi est à la légèreté : on bat des records de vitesse, on danse le charleston et on se pâme pour les stars du cinéma muet. Les aldéhydes amènent un nouveau souffle qui donne fraîcheur et dynamisme aux parfums. L'euphorie s'éteint dans le krack de 29.
La haute couture et le parfum s'associent après guerre : ensemble ils composent pour la femme un modèle de séduction inspiré d'Hollywood.

 Pochoir LANVIN

1930, c'est la "grande dépression". 
Le chômage galope. Puis la guerre éclate : fascisme et génocide. La mode s'adapte aux restrictions. Hollywood est à son zénith, les studios font triompher le star system. Après guerre, Christian Dior lance le New Look qui signe l'arrivée d'autres temps. Au sommaire de Marie Claire, premier hebdo féminin grand public, mode, beauté, roman feuilleton et courrier du coeur. Les couturiers imposent des fragrances de caractère : à chacun son style, on porte un parfum de haute couture pour se singulariser. 


Dans les années 50 le parfum se démocratise
Chewing-gum,  blue jeans et rock'n roll : l'Europe rêve d'Amérique et de sex-symbols tandis que commence la guerre froide. Les arts ménagers transforment le quotidien des femmes. Le prêt à porter supplante peu à peu la confection. Les parfums aussi sont plus accessibles : ils se démocratisent et dispensent des odeurs sages et plus faciles. Les années 50 voient naître les eaux de toilette masculines. Lavande et vétiver signent une élégance discrète et restent attachés au rituel du rasage. L'influence américaine se fait sentir!
Estée Lauder lance son premier parfum.

Estee LAUDER
 

Les années 60, célèbrent le plein emploi et la croissance économique. 
Le mouvement hyppie né à San Francisco s'étend à l'Europe. Conscience du corps et des sens, c'est la libération sexuelle. "Faites l'amour, pas la guerre". Partout dans la jeunesse souffle un vent de rébellion, depuis les manifs contre la guerre du Vietnam jusqu'à mai 68. Le patchouli envahit la rue mais les maisons de couture ne s'en soucient pas. C'est l'apparition des eaux fraîches comme une envie alternative de légèreté? Ou une critique du parfum? 

Brigitte BARDOT

La femme des années 70 revendique sa différence 
et affiche un parfum style de vie. Féminisme, retour à la nature, mouvement gay, punk, néo-romantisme, les années 70 voient l'émergence de styles de vie contrastés.
Le vêtement est un système de signes. Lequel adopter ? Plusieurs tendances coexistent. Pour le parfum aussi, l'important c'est désormais le message qu'il délivre. En France comme aux États-Unis naissent des parfums concepts qui séduisent une femme tour à tour sophistiquée et provocante ou naturelle et romantique. Ceux qui ne l'ont pas compris vont à l'échec. Après les eaux de toilette, de véritables parfums masculins font leur entrée sur le marché : l'homme dissocie parfum et après-rasage. 

Yves Saint Laurent

 

Les années 80 sont des années de sensations fortes. 
Le mur de Berlin entraîne les idéologies dans sa chute. Hommes et femmes sont au coude à coude dans le marathon de la réussite individuelle. C'est l'explosion du body building et des sports de glisse : le corps doit être rapide et efficace. Le parfum masculin exalte le corps de l'homme, confronté aux éléments naturels. Quant aux femmes, elles marquent le territoire de leurs conquêtes professionnelles par des vestes épaulées et des fragrances puissantes, au bord de susciter le malaise.
Venues des États-Unis, les notes fruitées renouvellent la parfumerie pour les femmes et les hommes.


 
 

Guerre du golfe et sida : 
la fin du deuxième millénaire cristallise des peurs inconscientes. Pour échapper à un monde matériel envahissant, on s'éclate au rap ou à la techno, on se réfugie dans le cocooning ou le new age. Internet étire à l'infini les mailles de son filet. C'est le village planétaire. Certains parfums rassurent dans des persistances d'enfance. Ils allient en douceur le goût et l'odeur : vanille, caramel, lait... L'homme s'ouvre au monde des émotions, il se parfume pour séduire. Réaction aux années 80, les nouvelles eaux sentent l'eau comme pour assouvir un désir de purification.
Parfums marins, aquatiques, végétaux puis naturels pour retourner à l'essentiel : la terre, le feu, l'eau, le vent. 



Après la quête de simplicité, de transparence et de pureté des années 90, le XXIème siècle affiche un retour au besoin d’entreprendre, d’être maître de son destin.

A l’époque des start-up, l’univers urbain est réhabilité. Comme dans FlowerbyKenzo, la nature fait incursion dans une ville dont on reconnaît désormais la force et la beauté. Le 11 septembre et la guerre en Irak ont créé un électrochoc : la priorité est désormais au plaisir immédiat. Les Orientaux gourmands poursuivent leur success-story initiée par Angel. La féminité s’affirme de façon percutante jusqu’à atteindre son paroxysme en 2003 : la tendance ‘porno-chic’ affiche une ‘bad girl’ provocante et instinctive.
Après cette période torride, une transition s’opère vers un retour à l’émotion et à l’authenticité. On observe sur le marché une tendance ‘Vintage’ avec notamment l’explosion des nouveaux Chypres, à l’image de Coco Mademoiselle ; un esprit rétro évident modernisé par des touches florales ou fruitées. De nouvelles valeurs émergent comme l’écologie, le développement durable… des problématiques fédératrices qui génèrent l’apparition d’éco-citoyens. Dans le même temps, les liens inter-communautaires se renforcent. Internet est plus que jamais qualifiable de village planétaire avec l’apparition massive des blogs ou autres réseaux comme MySpace ou FaceBook. Une ouverture évidente qui se traduit dans les codes olfactifs : moins cloisonnée, la parfumerie masculine explore une sensualité intense, orientale voire florale. La parfumerie de niche propose des fragrances mixtes déconnectées des diktats marketings. Et pour satisfaire un besoin croissant de se différencier de la collectivité, le parfum joue les séries limitées, millésimées, exclusives et même le sur-mesure.



Toutes ces infos tirées du site  OSMOZ

12 commentaires:

  1. j'adore le parfums et je reviens lire votre post avec attention. vite vite...

    Bon dimanche !

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  2. Une très belle rétrospective !

    On attend la suite, comme dans un roman policier, pourquoi pas "Le Parfum" de Patrick Süskind ? Enfin, un exemple à ne pas suivre...

    Bon dimanche ensoleillé !

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  3. Je pense à "Parfum de glace" de Yoko Ogawa. L'univers d'un parfum est si complexe!
    Anne

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  4. C'est vrai qu'aujourd'hui, la plupart des parfums ne se fabriquent plus avec des substances naturelles, si leur fragrances sont restées intactes (Gerlain) ils ont été rajeunis avec des mollécules de synthèse, ils tiennent mieux, mais la poésie s'est envolée...

    Je suis toujours à la recherche de nouvelles odeurs et je reviens toujours à ceux que j'adore...poudrés, vanille...

    Bon dimanche.

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  5. Un vrai cours d'Histoire et d'histoires.
    Moi aussi j'attends la suite.
    Au fait, magnifiques sont ces iris.

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  6. Bravo et quel travail... comment trouvez vous le temps ?
    Je ne peux imaginer un jardin sans le parfum des roses des lavandes santolines romarin chevrefeuille etc

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  7. Tout un programme... intéressant. Cela aurait pu être une idée pour une vitrine culturelle. Il fut un temps où je collectionnais les flacons pour mon filleul qui voulait devenir * nez*. le destin en a décidé autrement, il est devenu médecin.
    Quand à une vitrine sur le sujet, il faudrait trop de *petits* objets.
    La dernière en vitrine a comme sujet * les découvertes grâce au hasard*. La plus connu, la pénicilline. La vulcanisation est une découverte qui a permis que nous puissions rouler sur des pneus. En vitrine un joli morceau de pneu. L'acétate, traduite par une demande d'un petit bout de film, à la cinémathèque de Lausanne. J'ai reçu... 30 mètres. Pour eux, c'est un petit bout ! Etc...

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  8. Tu sites tes sources.

    Avant d'avoir un ordinateur, je devais me coltiner sous le bras 10 bouquins de la bibliothèque, en plus de ceux que j'achetais... les consulter jusqu'à trouver le paragraphe qui serait parlant pour les clients regardant la vitrine.
    Avec l'ordi, je clique le sujet et j'ai le choix ! Je dois dire que sans être paresseuse, cet outil m'a simplifié la vie.

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  9. Le mouvement *hippy* m'a passé au dessus.
    Mais, quand j'ai commencé à rechercher ces perles de Venise que le mouvement avait remis d'actualité, surtout les millefioris qu'ils portaient à l'unité, enfilé sur un lien de cuir. je me rappelle la réponse d'une amie * tu recherches ces perles* * je les ai données à des enfants pour qu'ils s'amusent avec. Ces perles étaient attachées à ce mouvement. Une fois la mode passée, désintérêt. Maintenant l'unité de ces *millefiories* coûte l'équivalent de 60.- suisse au japon... 40 euros pour une seule perle !!!

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  10. Suite... Parce que ces perles sont d'anciennes monnaies d'échange ( le troc) avec l'Afrique et les Indiens USA. Donc plus anciennes que le mouvement cité.
    Appelées aussi mosaïque ou goulimine du nom d'un bled au sud du Maroc où les malins commerçant allaient les chercher, rabattues en Afrique noire par des Africains.

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  11. J'adore la bouteille de Kenzo avec les coquelicots... Mais le parfum, je n'ai jamais pu le *sentir*. Trop sucré, trop ...

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  12. La publicité de Calvin Klein m'a toujours fait penser aux sculptures de Rodin et encore plus à celles de Camille Claudel. Un compliment pour le photographe.

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Heureuses Idées