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mercredi 17 février 2010

Un peu d'exotisme.


Le temps est toujours prévu au "mauvais fixe".
 J'ai donc décidé de partir en Égypte, du moins dans mes souvenirs en mai 2005.




Un soir donc fin avril mon "p'tit frère Pétu" m'appelle à la maison et commence un délire comme seul il sait le faire.
-"Imagine-toi sur un bateau...... remontant le Nil..."
-"Oui d'accord et puis..."
-"Donc tu prends une semaine et je t'emmène faire une croisière en Égypte!"
-"Euh! mais c'est que j'ai mes contrôles de fin d'année juste à ce moment-là,  j'ai demandé en plus que la date soit retardée, que ce ne soit pas aussi tôt que les années précédentes..."

-"Tu te débrouilles..."



Vous pensez bien: mon rêve que de visiter ce pays qui ne nous semble pas si étranger, par les histoires que l'on  nous compte depuis que l'on est tout petit, et qui sont bien ancrées  dans nos mémoires, les pharaons, les pyramides, Louksor, Karnak, Assouan, Abou Simbel... 

Le lendemain, à la première heure , je vais voir mon directeur, Gérard Gastinel à cette époque, qui commence par  durcir un peu  la bride, mettant  un frein à ma demande: c'est le boss! 

-"On ne peut pas déplacer le concours de flute, il faut que les élèves répètent. C'est un casse tête!"

Et moi, docile,  la tête un peu baissée, je lui dis que je n'aurai jamais plus une telle opportunité, que cela m'est offert, et que l'on peut déplacer les épreuves, j'ai vu que c'était possible avec le sous-directeur, et je lui lance l'appât. 

-"Vous êtes allé en Égypte, vous connaissez ce pays merveilleux..."




Il part au quart de tour, et me raconte ses blagues organisées  durant sa propre croisière,  une épopée... de 15 jours , c'est un Directeur.

-"Bon, ça va, on va arranger cela."
Il ouvre son grand cahier Monooprix, prend son crayon gris, sa gomme...

-"Donc la flûte.... le clavecin...déposez vos jours à l'administration et indiquez vos heures de  remplacement."
-"Oui chef!Merci Chef!"


Comment ai-je pu faire une telle tractation sans me dégonfler?... mais c'est réussi, je peux partir. 
De main de maîtresse, je remplace mes cours avant le départ, les examens seront  passés, les heures de remplacement  comptabilisées,  les étudiants ont réussi leurs épreuves, tout est en règle, je pars tranquille.


Voyage via Marseille en bus de Nice, avion à minuit pour Louksor, arrivée heure locale disons 4h30 du matin.  Et commence alors la Croisière durant une semaine, le long du Nil, par 45° de chaleur, l'exotisme, les palmiers séculaires, les sourires des égyptiens qui ont encore le rythme de leurs lointains ancêtres, pliés en deux au dessus de leur terre,  bêchant et creusant des sillons, les enfants se baignant dans une eau que l'on  nous a recommandé de ne pas boire, les femmes qui travaillent aussi, durement, on parcourt, au rythme des eaux tranquilles, accompagnés par la vision des vaches sombres, lascives, qui se protègent de la chaleur sous les palmiers, les seuls animaux susceptibles de mouvement rapide étant les petits ânes blancs qui courent en tirant de petites charrettes,  des kilomètres qui nous mèneront sur le circuit touristique de l'Égypte: Edfou, Kom Ombo, Assouan, Philae, le lac Nasser, Louksor, Karnak, les îles Éléphantines.


Nous serons  des sauvageons indisciplinés Pétu et moi-même, n'écoutant pas les guides, allant de notre propre chef faire des photos, à droite, à gauche mais pas vraiment où ils veulent nous amener, on fera semblant de se perdre dans le souk de Louksor,  étant comme chez nous, sans soucis, aucune inquiétude,  acceptant avec conviction les palabres à n'en plus finir pour acheter une pierre de soleil et un lapis-lazuli , faisant semblant de parler italien, très fort avec force mouvement des bras, pour décourager les hommes nous proposant des tours en calèche; une cure de  karkadé, tisane fraiche et acidulée aux fleurs d'hibiscus rouges, un café mémorable aux îles Éléphantines, broyé et grillé à même le sable, infusé dans une cafetière qui n'en avait que le  nom, versé dans une tasse de l'époque d'Akénaton, mais quelle merveilleux et inoubliable goût. 


Chaleur étouffante, lumière qui écrase les couleurs, Philae et son temple de Trajan, la vallée des Rois dans un désert de pierre, les colosses de Memnon, découverte de l'allée des béliers, hiéroglyphes racontant les faits et gestes des guerriers, des vainqueurs, des vaincus,  la bataille de Kadesh sur la plupart des façades des temples. 


Son et lumière à Karnak, une émotion à nulle autre pareille en levant la tête par une nuit étoilée pour voir ces hautes colonnes, toujours debout,  marche lente dans l'obscurité accompagnée par la voix de Jean Piat -tiens le monologue est en français?- la larme au coin de l 'œil vite chassée de la main...l'histoire est là, le temps s'est arrêté, depuis de nombreux siècles.


Le lever à 2 heures du matin pour Abou Simbel, l'arrivée au dessus du temple éclairé  dans la nuit.

-"Quelle idée de nous faire venir si tôt, il fait nuit!!!"
Oui, mais alors que l'on contourne le lieu, un lever de soleil exceptionnel dans le silence, au dessus du lac, peu de monde, uniquement notre groupe, trente personnes à tout casser, les gardiens debout comme s'ils ne s'étaient  pas couchés pour nous attendre et nous accueillir, avec un large sourire silencieux,  une énorme clé sortie de leur djellaba  grise pour ouvrir les immenses portes des deux temples dédiés à Ramsès et Nefertiti. L'intérieur nous happe, nous en perdons la parole. Il n'y a que les yeux pour s'exprimer. Les Dieux sont là, palpables, secrets, qu'ont ils à nous raconter sur l'Éternité ?


Quels colosses pour soutenir l'ensemble de l'édifice. Inoubliable impression.
Lorsque nous quitterons les lieux à 7 heures, les cars de touristes, les "vrais ", commenceront à affluer: 3000 visiteurs par jour!


Quel enthousiasmante fébrilité  je retrouve à ces souvenirs, quelle chance d'avoir accompli ce périple. J'espère y retourner avec Alain, un de ces jours,  avec un appareil numérique cette fois, car les photos que vous voyez ont été scannées d'après les originaux en argentique, d'où la petite bande noire sur certains côtés.


Je comprends pourquoi un certain chef d'état français aimait y aller fin décembre... les bords d'Assouan avec le ballet incessant et gracieux des felouques aux grandes voiles virevoltantes sous les vents chauds du Nil...



Merci Pétu, mon tendre petit frère!


Doux rêves à vous.

J'ai oublié d'ajouter que mon Ninou qui , lui , gardait les chats et la Pita Figa, m'avait offert à cette occasion un parfum d'Hermès "Un jardin sur le Nil". 
A chaque fois que je me vaporise  de ses tendres  effluves, je suis sur le bateau, dans ma chambre, près de la coiffeuse,  fin prête à prendre la vie des deux mains.

8 commentaires:

  1. Quel beau voyage! Quel beau pays! Quel bel article! Buona notte!!!!!!!

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  2. Ah là là, ton reportage me donne la chair de poule. Il me ramène en 1986 !!! Nostalgie. Nostalgie parce que le conférencier hors pair qui nous faisait vibrer tous les mardi soir par ses conférences dont une année était l'Egypte, est décédé à 39 ans. Il nous manque encore.

    Un jour un de mes clients me dit * je vous réserve une place dans la voyage avec Jacques Edouard Berger *. * Il n'y aura pas de place*. Si, si il y en aura, les gens inscrits sont des personnes plus toute jeunes, il y a toujours des défections * * Je n'aurais pas les sous ** Si, si vous en aurez* Sous entendu, au prix que je te paie les vitrines, tu n' as qu'à économiser. Cette petite histoire pour commémorer un voyage que je n'aurais jamais fait si mon client ne m'avait pas pris sous son aile. Extraordinaire.
    Bien sûr, mes photos sont des dias, qu'en scannant, j'utilise parfois dans mes vitrines.

    Tes photos sont parfaitement *lisibles*. Elles rendent l'atmosphère palpable. je ne connaît aucune personne qui n'a pas été séduit par l'Egypte. Suis ravie que tu aies pu vivre cet enchantement.

    Le voyage, comme tous les voyages avec J.E.Berger, était organisé pour nous seul.Un bateau pour 15 personnes. des endroits où les touristes ne sont pas amenés. Du moins à cette époque, comme Tel El Amarna, la ville d'Akenaton, où ce qu'il reste du palais de Néfertiti ; quelques oiseaux peint sur des ruines. Par contre, les tombes visibles étaient émouvantes, le soleil, dieu unique. Cas rare de monothéisme dans l'antiquité.
    En 1986, les *débarcadaires* des sites n'étaient pas encore bétonnés. Par contre, ce que nous n'avons pas pu faire, était de se perdre dans les marchés, sauf au Caire, le marché aux tissus, où les Egyptiens voulaient nous vendre du synthétique pour de la soie ! Mon oeil !
    L'organisation des voyages de J.E.Berger se nommaient * Voyage pour l'art*. Nostalgie, nostalgie.

    Il allait aussi au Japon. J'ai du attendre bien des années avant de pouvoir réaliser ce rêve. Dans la vie tout arrive. Il suffit d'y croire très fort !

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  3. Que de souvenirs vous faites remonter là,nous avons fait à peu près le même voyage mais il y a plus de vint ans.Nous avons terminé par Le Caire qui m'a semblé bien fade après toutes ces merveilles.
    Nous sommes allés à Abou Simbel en taxi car mon mari ne peut rien faire comme tout le monde.
    Nous sommes tombés en panne au retour en pleine zone militaire,aujourd'hui j'en ris mais sur le moment cela ne m'avait pas fait rire!!
    C'est la première fois que j'ai enfilé un chandail sous une chaleur torride,mais quel bien être tout d'un coup
    Je garde un souvenir extraordinaire d'Assouan,bien que relevant d'une sacrée "gastro",avec plus de quarante de fièvre !!!

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  4. Merci pour cette merveilleuse évocation, avec ce texte vivant et vos splendides photos. On a l'impression d'être à vos côtés. Vous avez fait un voyage exceptionnel. S'il vous plaît, n'hésitez pas à nous en parler encore.
    Anne

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  5. Merci pour cette chronique et cette découverte de l'Égypte que je ne connaissais qu'à travers les romans (policiers) d'Elizabeth Peters dans sa série amusante sur Amelia Peabody.

    Linda

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  6. Merci Martine, pour l'exotisme, pour les photos magnifiques, pour l'histoire, très sympathique, j'avais l'impression d'y être, car je ne connais pas l'Egypte, sauf à travers des documentaires ou films avec Hercule Poirot. Mais avec vous c'est magique ! Je comprends de plus en plus, pourquoi, vous êtes "les Idées Heureuses"...
    Danielle
    PS vous avez encore fait du changement en la demeure, c'est pas mal cette présentation !!!

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  7. Que voilà une jolie façon de combattre la morosité ambiante !! Quel frère sensationnel tu as là d'avoir eu une telle idée, une complicité merveilleuse en plus d'une équipée passionnante... J'avoue n'avoir jamais vécu ni rêvé l'Egypte, destination tellement jalonnée qu'elle me semble difficile à réussir mais là, vous en avez merveilleusement profité...
    Je préfère Jardin en Méditerranée, mais Un jardin sur le Nil était plus adapté à la circonstance, bravo Alain !!

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  8. Quel beau voyage je viens de faire en découvrant, en même temps que tu retrouvais tous tes souvenirs, ces merveilleux sites. J'ai toujours été fascinée par l'Egypte et ai longtemps rêvé d'y aller. Maintenant je crains trop la foule et le super-tourisme pour faire autant ce rêve, mais j'ai toujours autant de plaisir à entendre parler d'Egypte et à admirer des photos. Ton frère t'a fait là un cadeau inoubliable et ce parfum offert par ton "Ninou" comme tu dis est une idée d'une délicatesse extraordinaire...
    Tu es entourée d'hommes précieux...

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Heureuses Idées